Otearai, "Où puis-je me laver les mains"?
Le Pays du Soleil Levant regorge de mystères... Cela, le voyageur qui se rend au Japon le sait, et c'est d'ailleurs probablement pour cela qu'il se rend dans ce pays! Langue, culture, philosophie, religion, histoire, traditions, architecture, relations sociales... tout est source d'étonnement et d'émerveillement ou de réprobation... Mais rien ne laisse indifférent.
Parmi ces mystères, il y en a un auquel on ne s'attend pas, qu'aucun guide ou site internet ne signale, et qui pourtant se présentera dès le 1er jour au visiteur, sauf problème de digestion.
Ce mystère à découvrir, je me dois aujourd'hui le dévoiler, puisque quelques amis vont se rendre prochainement au Japon, totalement inconscients de l'épreuve qui les y attendrait si je ne leur délivrais pas ici-même les clés permettant de maîtriser la situation. Ces amis, et tout lecteur de cet article, me remercieront plus tard, à n'en pas douter.
Voici donc le mystère dévoilé: Otearai (prononcer oté-a-laï) ou toire (prononcer to-i-lé) en japonais, toilettes en français...
Voici, ci-dessus, un exemple de toilettes traditionnelles japonaises... Cela ressemble plus ou moins aux toilettes "à la turque" que nous connaissons (en Turquie, mais aussi en France), mais attention!!!! Il y a un piège!!!
Si en turquie on se tient face à la porte et dos (si j'ose dire) côté "évacuation", c'est le contraire au Japon. La première fois que j'ai eu à utiliser ce type de toilettes traditionnelles japonaises, je me suis naturellement mis "à la turque"... Mon maître zen en rit encore quand on évoque cette aventure bien des années plus tard!
Depuis, j'ai élaboré une théorie toute personnelle, qui ne repose absolument sur aucune donnée historique ou scientifique. Au Japon, en se positionnant dos (si j'ose dire) à la porte, on ne risque pas de perdre la face si quelqu'un ouvre brutalement la porte... L'intrus n'aura vu que votre dos (si j'ose dire) mais pas votre visage, pas plus que vous n'aurez eu le temps de voir son visage. L'honneur est sauf, personne n'a perdu la face, pas besoin de se faire seppuku (hara-kiri) ou de massacrer une famille entière jusqu'à la 3ème génération pour laver l'affront.
Bon, ma théorie tient moins bien la route quand les dites toilettes traditionnelles sont perpendiculaires à la porte, mais disons qu'elle reste quand même à moitié valable. Et si quelqu'un a développé une autre thèse sur le sujet, je suis preneur!
Outre cet aspect très pratique (mais fondamental) du positionnement de l'utilisateur, il faut aussi ABSOLUMENT respecter la règle d'hygiène essentielle qui veut qu'on change de zoori, ou tongues, ou pantoufles, en entrant dans ce lieu impur, bien que nickel-chrome au niveau propreté. Là, en général ça va, car on voit les zoori spéciales (et en plastique) en entrant dans le lieu. Le plus dur est de ne pas repartir avec et de s'apercevoir au bout d'une demi-heure qu'on se ballade partout avec les zoori spécial toilettes!!
Donc, règle de base: en entrant on change de zoori et, en ressortant, on récupère ses zoori d'origine!
Voilà, l'épreuve des toilettes traditionnelles est maintenant maîtrisée... Mais il reste à aborder l'autre côté de la force: les toilettes modernes! A l'aspect plus familier, leur côté high-tech et multi-fonctionnel a pourtant de quoi dérouter!
On y retrouve les zoori ou tongues en plastique à chausser avant d'entrer dans la salle, la règle hygiénique reste la même.
Là, il faut s'assoir à l'européenne, mais la surprise peut être énorme quand on découvre que la lunette des toilettes est chaude! Non pas qu'un prédecesseur vient de quitter les lieux, mais une résistance (température réglable) assure une température "agréable" au plastique sur lequel nous venons nous assoir.
Deuxième surprise qui peut arriver sur certains modèles: l'eau se met soudain à couler dans la cuvette, imitant un bruit de cascade venant recouvrir les éventuels sons émis à l'occasion du relâchement naturel qui peut advenir au moment où l'on s'assoit.
Jusque là, à part l'effet de surprise éventuel, tout va bien pour l'utilisateur non averti. Mais il restera sûrement beaucoup plus perplexe devant le tableau de commandes qu'il trouvera sur son côté droit ou au mur...
Selon les modèles, les commandes sont plus ou moins nombreuses. Elles permettent de régler la quantité d'eau à évacuer selon l'action réalisée (petit volume ou gros volume), la température de la lunette des toilettes, mais également celle de l'eau qui va servir au "nettoyage". Et c'est là que tout le savoir-faire nippon apparaît dans son génie!
Deux option sont disponibles pour le "nettoyage", symbolisées par des pictogrammes très symboliques ou par les termes "bidet" ou "derrière" (en français dans le texte), pour lesquelles on peut régler la température de l'eau et sa pression! Homme ou femme, chacun peut choisir le programme adapté à sa situation.
Chacun fait ce qu'il veut, mais personnellement je pense que, lorsque on voyage dans un pays, il faut expérimenter les us et coutumes locales. Ici, les japonais nous montrent toute leur technologie adaptée à leur souci constant d'hygiène et de propreté!
Les nippons ont adopté les toilettes "européennes" après la seconde guerre mondiale, mais ils les ont améliorées, optimisées, magnifiées!
Au début, il leur a fallu apprendre à utiliser ces toilettes d'un nouveau genre, comme en témoignent certains "mode d'emploi" qu'on peut encore trouver dans certains endroits:
Autre trait de génie des japonais, simple, propre, économique et efficace: l'eau qui va servir à remplir la chasse d'eau est utilisée pour se laver les mains!
En tous les cas, traditionnelles ou high-tech, les toilettes japonaises sont toujours très propres. Contrairement à la France, on trouve des toilettes publiques partout.
Alors, qu'on l'appelle toire (トイレ) pour faire "à l'américaine" (toilet) ou otearai (お手洗, littéralement « pièce pour se laver les mains »), ce lieu que le voyageur ne manquera pas de visiter plusieurs fois lors de son séjour n'a plus de secret pour vous!
Le 23 mai 2012,
Oriibu